Les récentes interdictions en Europe témoignent des préoccupations croissantes concernant l'utilisation des pesticides et le déclin des populations d'abeilles. L'Agence de protection de l'environnement a recensé plus de 70 pesticides hautement toxiques pour les abeilles. Voici les principales catégories de pesticides liées à la mortalité des abeilles et au déclin des pollinisateurs.
Les néonicotinoïdes (ou néonics) sont une classe d'insecticides dont le mode d'action consiste à attaquer le système nerveux central des insectes, provoquant paralysie et mort. Des études ont montré que des résidus de néonicotinoïdes peuvent s'accumuler dans le pollen et le nectar des plantes traitées, ce qui représente un risque potentiel pour les pollinisateurs. De ce fait, et compte tenu de leur utilisation répandue, on craint fortement que les néonicotinoïdes ne jouent un rôle important dans le déclin des pollinisateurs.
Les insecticides néonicotinoïdes sont persistants dans l'environnement et, utilisés pour le traitement des semences, se retrouvent dans le pollen et le nectar des plantes traitées. Une seule graine suffit à tuer un oiseau chanteur. Ces pesticides peuvent également polluer les cours d'eau et sont extrêmement toxiques pour la faune aquatique. Le cas des pesticides néonicotinoïdes illustre deux problèmes majeurs des procédures d'homologation et des méthodes d'évaluation des risques actuelles : la dépendance à l'égard de recherches scientifiques financées par l'industrie et non conformes aux études évaluées par les pairs, et l'incapacité des méthodes d'évaluation des risques actuelles à prendre en compte les effets sublétaux des pesticides.
Le sulfoxaflor, homologué pour la première fois en 2013, a suscité une vive controverse. Ce pesticide de la famille des sulfénamides présente des caractéristiques chimiques similaires à celles des néonicotinoïdes. Suite à une décision de justice, l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a réhomologué le sulfénamide en 2016, limitant son utilisation afin de réduire l'exposition des abeilles. Toutefois, même si ces mesures restreignent les lieux et la durée d'application, la toxicité systémique du sulfoxaflor garantit que leur utilisation ne sera pas totalement éliminée. Il a également été démontré que les pyréthroïdes perturbent l'apprentissage et le comportement de butinage des abeilles. Souvent associés à la mortalité des abeilles, ils réduisent significativement leur fertilité, ralentissent leur développement jusqu'à l'âge adulte et prolongent leur période d'immaturité. Les pyréthroïdes sont largement présents dans le pollen. Parmi les pyréthroïdes couramment utilisés figurent la bifenthrine, la deltaméthrine, la cyperméthrine, la phénéthrine et la perméthrine. Largement utilisé pour lutter contre les insectes nuisibles à l'intérieur des habitations et dans les pelouses, le fipronil est un insecticide très toxique pour les insectes. Modérément toxique, il a été associé à des perturbations hormonales, au cancer de la thyroïde, à la neurotoxicité et à des effets sur la reproduction. Il a été démontré que le fipronil réduit les capacités comportementales et d'apprentissage des abeilles. Les organophosphorés, tels que le malathion et le nard, sont utilisés dans les programmes de lutte contre les moustiques et peuvent mettre les abeilles en danger. Ces deux substances sont très toxiques pour les abeilles et d'autres organismes non ciblés, et des cas de mortalité d'abeilles ont été signalés avec des pulvérisations à très faible toxicité. Les abeilles sont exposées indirectement à ces pesticides par le biais des résidus présents sur les plantes et autres surfaces après les pulvérisations anti-moustiques. On a constaté la présence de ces résidus dans le pollen, la cire et le miel.
Date de publication : 12 septembre 2023



